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240 HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
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on le voit étendre sa protection sur des artisans qui travaillent pour lui. A peine installé dans les Pays-Bas, il recommande au magistrat de Bruxelles un tapissier, nommé Jean Flameng, qui n'était probablement pas inscrit sur les registres de la corporation. L'ouvrage sé faisant au palais et pour le gouverneur lui-même, Flameng échappait aux règlements imposés aux gens, de métier.
La fameuse tenture sur laquelle Guillaume de Pannemaker représenta pour Charles - Quint les principaux épisodes de la conquête de Tunis paraît avoir produit une profonde sensation lorsqu'elle parut; aussi eut-elle de nombreux imitateurs. Le duc d'Albe, peu après son arrivée dans les Pays-Bas, voulut faire célébrer ses exploits par le tapissier même de Charles-Quint. Les trois pièces rehaussées d'or et d'argent, consacrées à la glorification de ses succès sur Louis de Nassau, portent en effet le W surmonté d'un P, marque de Guillaume de Pannemaker. On les a vues récemment à Paris, et on a pu admirer la riche décoration des bordures, chargées d'attributs guerriers et surmontées des armes du duc. La composition des scènes guerrières qui occupent le champ du tableau est moins heureuse. L'élément topographique y tient trop de place; l'artiste a été préoccupé de donner la disposition exacte des camps et des armées. C'est d'ailleurs un système dont cette époque présente de fréquents exemples. La tapisserie tend à sortir de plus en plus des limites imposées à l'art décoratif. Elle doit traduire, non seulement des scènes d'histoire contemporaine, mais cles portraits et jusqu'à- des cartes géographiques ou des plans de ville. Cette dérogation aux vrais principes date surtout de la seconde moitié du xvi0 siècle.
La Conquête de Tunis ouvre la voie ; nous avons cité deux autres exemples remarquables de ce goût singulier : les tapisseries de Bobert Hicks, reproduisant les cartes de plusieurs comtés de l'Angleterre et les plans de diverses capitales de l'Europe, parmi lesquelles se trouvait, ce fameux plan de Paris, dit de tapisserie, acquis par l'édilité parisienne en 1737.
Ces œuvres bizarres trahissent le goût d'une époque de décadence. Or c'est à partir de 1560 surtout que les représentations géographiques prennent faveur. Les notes recueillies par A. Pinchart nous fournissent de nouveaux exemples caractéristiques à ajouter à ceux qui viennent d'être rappelés.
En 1560, un tapissier bruxellois, nommé Michel de Vos, va se
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